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Un corps mutilé, une image ébréchée.

C’était une matinée banale, le début calme d’une semaine ordinaire suivi de cette phrase: « en une seconde tout a basculé ».
Nombreux sont ceux qui ont vu leur vie basculer soudainement, on est jamais vraiment prêt à être pris au dépourvu.
Quoi de plus intime que notre propre corps, cette entité qui nous constitue ? Notre sang, nos jambes, nos bras, notre cœur, notre cerveau, notre ventre… ce tout qui forme notre être. Mais que se passe-t-il lorsque cet être, ce moi, cesse de fonctionner normalement ?Quand il commence à s’attaquer et à s’empoisonner ?
Quand il se bat contre lui-même ?
Ce jour-là, mon corps a décidé de cesser de fonctionner et il s’est mis à s’empoisonner lui-même. Cette narration n’a pas pour but de fournir une description médicale, mais naît plutôt de la nécessitée de partager un long processus de guérison qui commencerait de manière aussi anodine.
J’ai 41 ans, une vie heureuse et paisible.
Quelques mois plus tôt après avoir passé des tests et adressé des prières à toutes les saintes féministes que je connaissais j’ai reçu la meilleure des nouvelles : je n’avais pas de cancer du sein. Je voyais ma vie en rose, pour reprendre les mots d’Edith Piaf. Rien ne pouvait aller mal, …Du moins je le pensais!
En puis,… Cette matinée de janvier, peu après mon anniversaire ou,… En l’espace de trois heures, prise d’une douleur atroce, j’ai été conduite aux urgences. Une douleur insupportable, un système digestif qui avait cessé de fonctionner et qui m’empoisonnait subitement, je fus reliée à des aspirateurs, des tubes, des moniteurs et perforée de seringues. Mes organes s’étaient déplacés, mes intestins et mon utérus étaient touchés… un véritable film d’horreur.
J’ai passé quatre jours branchée à toute une machinerie dans le seul but d’être opérable. Le début d’une chute.
Un corps charcuté.
De retour chez moi, j’ai pu réaliser l’ampleur des dégâts. Je me possais la question « Pourquoi moi ? » en boucle. Je jonglais entre analyse de la situation et incompréhension de mon comportement pendant mon séjour à l’hôpital.
J y ‘étais en effet la patiente la plus rayonnante et coopérante.
J’avais mal, mais je plaisantais avec les infirmières, j’etais en réalité préoccupée par l’inquiétude des gens autour de moi. J’étais dans le déni. Je ne pensais pas à la gravité de ce que je vivais, ni à l’éventualité de mourir. Je voulais simplement voir disparaître l’inquiétude écrite sur le visage de toutes les personnes qui entraient dans ma chambre, infirmier(e)s et des médecins compris.
J’étais détachée de ce corps qui ne m’appartenait plus et sur lequel je n’avais plus aucun pouvoir de décision. Je me laissais simplement faire, mon esprit se focalisait sur une unique tâche; compter les jours. Je n’avais aucune autre préoccupation. J’avais cessé d’exister et mon compagnon quotidien était ce corps mutilé. Je ne nie pas l’existence de mes proches (mon compagnon, ma fille, mon chien et quelques amis comptés sur les doigts d’une main) étaient présents. Mais celui qui était le plus proche de moi, malgré moi, était ce corps qui avait été ouvert, découpé, recousu, endommagé comme jamais auparavant, couvert de bleus et de cicatrices.
La colère s’était ensuite emparée de moi, une colère tournée vers moi même, vers ce corps qui avait été endommagé pour être sauvé. Ce corps avait été privé de son existence et de son pouvoir sur lui-même par le passé, qui avait été maltraité, agressé par le monde extérieur. Ce corps qui avait encaissé comme un bon boxeur, en silence, pour que les autres n’aient pas mal, pour qu’ils ne s’inquiètent pas. En réalité, ce corps n’avait jamais vraiment lutté, il avait été docile, il était tombé malade, il avait souffert, toujours en silence, pour le bien des autres.

Jusqu’à cette matinée anodine.
Dans mon silence, il a fini par s’exprimer et toutes les cicatrices invisibles sont devenues visibles. Les combats passés ont pris la forme de blessures sur ma chair, et je devais y faire face chaque jour, devant mon miroir.
Combien de femmes resteront dans le silence, dans le déni, pendant longtemps, jusqu’à ce qu’un événement – un seul – les réveille ? Combien de femmes plongeons comme j’ai plonge dans la léthargie pour survivre ? Combien de temps resteront-elles silencieuses ? Faudra-t-il attendre un événement, un seul, pour qu’elles se réveillent? Combien d’entre nous y survivront?
Aujourd’hui, je n’ai plus mal. Cela s’applique à tout. Parfois, mon corps me lance des avertissements, des alarmes pour me dire d’y aller un peu plus doucement. J’ai fait la paix avec moi-même et mes expériences. J’ai fini par accepter leur passage en les exprimant verbalement, en leur donnant un nom et une date de fin. Il a fini par se réconcilier avec moi aussi. Je ne conclurai pas ce récit en vous disant que « tout finit par passer », avec une note positive illuminée d’une lumière rose néon agaçante. Après tout, qui suis-je pour vous dire comment gérer vos propres combats ?
Mais si vous traversez une situation similaire, nous serons d’accord sur le fait que tout a une limite dans le temps, et je ne sais pas si vous finirez par remporter vos batailles.
Je ne sais même pas si j’ai remporté les miennes. J’ai me suis simplement réapproprié mon corps après avoir nié son existence et Virginia Woolf dirait que je l’ai reconquis.
C’est une belle fin de chapitre, une RE-conquête.
 
Xavi
Dessin Xavi, Photo Alisson Thaels

Nos news

Nos expositions:.
« Une semaine sur deux ? » L’exposition sur la réalité des familles monoparentales réalisée à trois photographes membre de l’Asbl est toujours visible dans les rues de la commune de Saint-Gilles.
En bref une semaine sur deux c’est :
    • 30 familles

    • 30 photographies

    • 30 audios

    • 3 photographes

    • 4 lieux d’exposition Parvis de Saint-Gilles / Sint-Gillisvoorplein, Square Jacques Franck square, Place Bethléem plaats, Parc Pierre Paulus Park

    • Visible du 30 mai 2023 au 30 juin 2023

    • Vernissage le 30 mai 2023 de 17h à 19h au Parc Pierre Paulus Park

    • 2 visites guidées

Dates : Du 30 mai au 30 juin 2023
Découvrir les podcasts ici.
Découvrir le projet c’est ici.
Participer à une visite guidée en compagnie des photographes
Quand ? Le mercredi 21 juin de 14h à 16h.
Lieu de départ : Parc Pierre Paulus (parc aux canards), entrée rue de Parme, 1060 Saint-Gilles
L’activité est en français uniquement
Visite gratuite mais sur inscription ici
Le nombre de places est limité à 15
 
Et pour le plaisir quelques photos du vernissage en compagnie de Madame Benedicte Linard Vice-Présidente et ministre de la Culture et des Droits des Femmes, de Madame Morenville Catherine, Échevine Égalité des chances et droits des femmes de la commune, des parents et de leurs enfants, des associations participantes et des photographes.

Une réalisation de Women We Share Asbl, créer en partenariat l’échevinat de l’Égalité des Chances et des Droits des Femmes de la commune de Saint-Gilles et avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Photos : Aline Pauwels Productions

Notre club photo au féminin ouvre doucement ses inscriptions.

On nous pose parfois la question : « Mais pourquoi un club non mixte ? » nous demande t’on parfois. Une première raison qui nous semble évidente, tout d’abord pour créer un environnement inclusif, en effet nous sommes convaincues qu’un club de photographie exclusivement féminin offre un espace où les femmes peuvent se sentir soutenues et encouragées dans leur pratique photographique. Cela favorise un sentiment d’appartenance et crée un environnement où les femmes peuvent partager leurs expériences, leurs idées et leurs conseils sans jugement.
 
Le club en bref c’est une rentrée en septembre, 1 réunion en ligne 1xpar mois et plusieurs rencontres en présentielle au studio ou en extérieur entre autre lors de balade.
 
L’affiliation se fait par mail.
 
Pour finir et pour l’amour de la photographie nous vous partageons 2belles découvertes de podcast photo et 1 podcast sur l’empouvoirement:
« The Candid Frame«  un podcast en anglais animé par Ibarionex Perello, fait de conversations approfondies avec des photographes de tous horizons, des photographes de rue aux photojournalistes en passant par les photographes de mariage.
« Vision(s)«  un podcast est dédié à la photographie et explore différents sujets liés à cet art, tels que la technique, l’esthétique, l’inspiration et la vision artistique. Il offre des discussions et des interviews avec des photographes passionnés et experts dans leur domaine.
« Oser », met en lumière des femmes inspirantes dans un esprit d’entraide et de partage afin de permettre à d’autres femmes de s’émanciper et à leur tour et d’ oser vivre leur vie.
 
Belle découverte.

Nos news de la rentrée

Dans cette news nous mettrons à l’honneur notre club photo au féminin, nous vous parlerons des différentes réalisations, des quelques superbes rencontres autour de la photographie, des visites...

Un temps qui fil, chercher à le capturer

Cela fait un moment que nous n’arrivons pas à publier cette newsletter, pourtant présente dans nos documents depuis un certain temps. Le temps file et nous cherchons à le capturer, que ce soit à...

Vernissage, table ronde et conférence avec Marie Docher

L’Asbl Women We Share a le plaisir de vous convier lors de sa prochaine exposition : « Femmes photographes, regards sur le monde » qui aura lieu du 11 au 27 janvier 2024 à la Visual Gallery, Rue...