Cela fait un moment que nous n’arrivons pas à publier cette newsletter, pourtant présente dans nos documents depuis un certain temps.
Le temps file et nous cherchons à le capturer, que ce soit à travers la photographie ou des newsletters comme celle-ci. Malgré nos efforts, il nous échappe souvent et nous préférons vivre le moment présent plus que toute autre chose.
Dans cette news, la photographe Etna Torres partage l’une de ses photographies préférées, qui n’est autre que celle de Graciela Iturbide.
Vous trouverez également un récapitulatif de nos activités au cours des derniers mois.
En janvier, notre conférence avec Marie Docher et notre exposition
« Femmes photographes, regards sur le monde » qui se tenait à la Visual Gallery.
En février, nous avons été invitées par le Théâtre de la Parole à explorer le thème de la colonisation et de la décolonisation, que nous avons abordé à travers la photographie mais aussi par la création d’images générées artificiellement.
En mars, certaines d’entre nous étaient, bien sûr, présentes dans les manifestations pour les droits des femmes, tandis que d’autres travaillaient sur leurs projets personnels.
Enfin, en avril, nous parvenons à rédiger cette nouvelle.
Pour finir, Etna vous donne quelques conseils pour photographier de nuit ou en basse lumière.
Graciela Iturbide
Ce n’est évidemment pas le nombre d’articles sur Graciela Iturbide qui manque, mais de mon côté en tant que femme migrante mexicaine, je suis passionnée par le travail de cette photographe qui me relie au Mexique comme lieu de mon identité.
Vous l’aurez compris, Graciela est une photographe mexicaine, née le 16 mai 1942 à Mexico, au Mexique.
Reconnue pour son travail documentaire poignant, elle explore la culture et la société mexicaines et met en lumière la vie des communautés autochtones, des femmes, des traditions et des rituels.
Elle commence sa carrière dans les années 1970 et sera fortement influencée par son mentor et professeur Manuel Álvarez Bravo dont elle deviendra également l’assistante.
De manière plus générale, son travail est marqué par des compositions qui transcendent les frontières culturelles et racontent des histoires identitaires de la vie quotidienne et de la diversité sociale.
Une de ses œuvres les plus célèbres est la série de photographies “Juchitán” qui met en avant la culture des femmes Zapotèques, une communauté matriarcale du sud du Mexique et plus précisément concentrée dans l’État de Oaxaca.
Dans ses autoportraits, Iturbide utilise souvent des éléments symbolistes comme le serpent, l’oiseau, les poissons pour exprimer ses introspections et ses émotions.
Ses autoportraits capturent, comme souvent, des aspects de sa propre identité.
Contexte mexicain : la relation complexe avec la mort
Dans le contexte mexicain, la relation avec la mort est profondément complexe et omniprésente. Malgré la décontraction souvent observée lors des festivités dédiées à ce sujet, telles que le célèbre Jour des Morts, le Mexique porte en lui une sensibilité particulière à l’égard de ce thème.
Dans son travail photographique, Graciela Iturbide fait preuve de respect envers cette sensibilité culturelle et avant de prendre une seule photo, elle sollicite toujours l’autorisation de ses sujets. Cette démarche témoigne de sa compréhension profonde de la signification de la mort dans la vie mexicaine et de son respect pour les personnes qu’elle capture à travers son objectif.
Les images capturées par Iturbide ne se contentent pas de refléter des expressions fortes et poignantes liées à la mort. Elles vont bien au-delà, agissant comme des témoignages visuels de la vie quotidienne et des traditions mexicaines. Ses photographies sont de véritables reportages sur la culture et la spiritualité mexicaines réalisés dans le respect et la dignité de ses sujets. En cela, son travail va au-delà de la simple représentation esthétique pour offrir une réflexion profonde sur la vie, la mort et la condition humaine dans son ensemble.